Le dialogue: l’art et la manière

Tout d’abord, l’équipe Fictions présente ses meilleurs voeux pour 2020 aux visiteurs du site, sous le signe de la fiction bien sûr!

Nous avons poursuivi, au cours de la séance du 8 janvier, l’étude du dialogue, auquel était déjà consacré l’atelier de décembre dernier. Après avoir résumé les analyses et les conseils donnés par Anna Fouqué-Legros  (voir le diaporama de synthèse ci-dessous), nous avons proposé un exercice pratique: un « crossover » dialogué entre un personnage de fiction blanche, et un personnage de fiction populaire, tous deux tirés au sort (trois tirages possibles). Nous avons pu écouter en séance les échanges improbables entre Don Quichotte et Jack Sparrow, Moïse et Harry Potter, Tristan et Fantômas, ou encore la Dorothée du Magicien d’Oz et Esméralda…

Pour celles et ceux qui voudraient s’y essayer (textes à poster en commentaire), voici les deux listes fournies pour le tirage au sort.

Fiction populaire: Leïa  Skywalker – Yoda  – Harry Potter – James Bond- Oss 117 – Totoro – Heidi  – Laura Ingalls – Astérix  – Haddock – Luky luke – Gaston Lagaffe – Lara Croft – Le capitaine Nemo – Fantomas – Simba – Le Joker – Daenerys – Dorothée (magicien d’Oz) – Gandalf – Hannibal Lecter – Comte Dracula – Jack Sparrow – Shrek – Spiderman (Peter Parker)  – Arsène Lupin – Fantomette – Fifi Brindacier – Hermione Granger – Bécassine – Babar

Fiction blanche: Harpagon-  Rodrigue – Emma Bovary – Hamlet -Ulysse – Julien Sorel-  Madame de Cleves – Jacques le Fataliste – Ali Baba – Figaro – Rastignac – Oreste  – Roméo – Bel ami (Georges duroy ) – Le Baron de Charlus – D’Artagnan – Sherlock Holmes – Moïse – Esmeralda – Alice – Peau d’Âne – Don Quichotte – Cyrano de Bergerac (le héros de Rostand) –  Bardamu – Mme de Merteuil – Lady Macbeth – Tristan – Edmond Dantès  – Elizabeth Bennet – Candide – Jean Valjean – Gervaise Coupeau – Andromaque – Renard le goupil – Le petit Prince – Cendrillon – Le petit Chaperon rouge

Diaporama à télécharger

 

 

2 commentaires sur “Le dialogue: l’art et la manière

  1. La scène se passe dans le port de Valence.
    Personnages : Don Quichotte, Jack Sparrow, un marin et (rôle muet) Sancho Pança

    DQ – Ho là, marinier !
    JS – Quoi, c’est à moi que tu parles ?
    DQ – Peux-tu nous prendre à ton bord, marinier ? Ton navire a l’air fringant. Nous te paierons bien.
    JS – Mais ma parole, vous prenez mon bateau pour une péniche de transport?
    DQ – Nous devons embarquer pour l’île de Barataria.
    JS – Barataria ? Jamais entendu ce nom-là.
    DQ – Mon écuyer doit y occuper les fonctions de gouverneur.
    JS – Ce gros manant, là… écuyer… gouverneur ! Ha ! Ha ! Ha!
    DQ – Mon écuyer ! un manant ! Prenez garde à vos propos, matelot !
    JS – Matelot… savez-vous bien à qui vous parlez ? Je suis Jack Sparrow, capitaine du Black Pearl. J’ai sillonné tous les océans. C’est le bateau le plus rapide des sept mers.
    DQ – Eh bien, tant mieux, nous arriverons plus vite.
    JS – Doucement, doucement, je n’ai pas dit que je vous prenais à bord. Combien d’or avez-vous dit que vous possédiez ?
    DQ – A Sancho Sancho, tire quelques pièces de ta bourse pour les donner au matelot.
    JS empoche les pièces
    JS – Trois piastres ? C’est une plaisanterie… Pour aller où, déjà ?
    DQ – A Barataria.
    JS – Barataria… Vous avez une carte ?
    DQ – Comment ! le marinier le plus rapide des sept mers ! Qui avez sillonné tous les océans ! Et vous ignorez la route de Barataria !
    JS – Je n’ai pas dit ça. C’est juste que… c’est plus cher.
    DQ – Sancho, tire encore quelques pièces et dépêchons-nous d’embarquer.
    JS – Ho là, ho là, messire, pas si vite. Donnez. Combien ? Cinq piastres… Pour ce prix, je vous emmène à Alicante. Ou disons Carthagène. C’est le jour des promotions.
    DQ – Matelot, voulez-vous tâter de mon épée ? Je suis Don Quichotte de la Mancha, chevalier à la Triste figure, j’ai occis des géants, et je ne vais pas laisser un patron pêcheur se moquer de moi sans lui faire rendre raison.
    JS – Je ne me moque pas de vous, Votre Seigneurie… C’est juste que… Barataria, ce n’est pas la porte à côté. Il faut traverser la Méditerranée, vous comprenez. Échapper aux pirates barbaresques. Eviter aussi les galères vénitiennes. Se méfier des embarcations gênoises… Un panier de crabes, cette mare aux canards. Pire que l’Atlantique, avec ses tourbillons, et son Kraken. Et croyez-moi, pourtant le Kraken… eh bien, c’est quelque chose!
    DQ – Eh bien, soit ! J’accepte le défi ! Courons les océans, affrontons les dangers ! Je réduirai les monstres des mers en pâté pour chats à la pointe de ma lance !
    JS – Bon, si vous participez à la défense du navire en cas d’attaque, je peux vous faire un rabais. Deux cents piastres. Moins les huit que vous avez versés, restent 192.
    DQ – A Sancho. Sancho, donne-lui ses deux cents piastres, et qu’on en parle plus. Comment ça, il n’en reste que 150 ? Por Dios ! Tu t’es encore servi de ma bourse pour te remplir la panse ! Mais nous verrons cela plus tard. A Jack Sur mon honneur, marinier, je vous paierai le dû. Vous avez ma parole de gentilhomme.
    JS – Gentilhomme, gentilhomme… Je préfère les vilains pleins aux as aux gentilshommes en guenille. Vous vous êtes vu, avec votre accoutrement, ce plat à barbe sur la tête…
    DQ – Un plat à barbe ! Le casque d’or de Mambrino ! Vous m’en rendrez raison!
    Il sort sa vieille épée
    JS – Ca va, ça va, on se calme ! Si vous me tuez, qui vous emmènera à Batavia ?
    DQ – Barataria.
    JS – Barataria, si vous voulez. Il soupire. Allez, donnez-moi vos toujours cent cinquante.
    DQ – Cent quarante deux. Vous avez déjà reçu huit piastres.
    JS – Allez, on ne va pas pinailler. Donnez. Très bien. Attendez trois minutes, et vous pourrez embarquer.
    Il s’éclipse.
    DQ – A Sancho. Allons-y, Sancho, montons.
    Un marin – Ho là, étranger ! Halte ! Où croyez-vous aller comme ça ?
    DQ – Votre capitaine nous emmène à Barataria avec le Black Pearl.
    Le marin – Quoi ? Filez d’ici avant que je ne vous mette aux fers! Vous êtes ici à bord du galion San Diego, qui va livrer du bois à Barcelone.

  2. Dialogue entre Haddock et Andromaque. La scène se passe en Grèce.

    H — Dites madame, vous n’auriez pas vu un jeune homme accompagné d’un chien par hasard ?
    A – D’un jeune homme perdu, mon cœur blessé se meurt.
    H – Vous cherchez quelqu’un vous aussi ? Mille sabords, c’est la journée.
    A – Je suis un navire à la dérive qui sombre
    dans les abysses ayant pour décombres,
    et mon espoir terrible et ma peine infinie.
    H – … Un navire ? J’en connais un rayon, je vous le garantis ! J’ai eu affaire à quelques boit-sans-soif, de vrais maroufles ! La marine est un monde à part.
    A – Captif et humilié, supportant les douleurs,
    il s’enfuit, pour sauver sa vie et son honneur.
    H – Pauvre petit. Un monde à part et cruel. C’est un galérien ? Qu’a-t-il fait ?
    A – Son unique crime est d’être prince de Troie.
    Par cette querelle, les dieux ont fait leur choix.
    Qu’Hector par Achille soit percé plusieurs fois.
    Je pleure ainsi son corps et je maudis les lois.
    H – Parlez pas si fort. J’ai repéré quelques gardes-côtes.
    A – Perdants de la guerre, nous fûmes prisonniers,
    de Pyrrhus et de sa gloire démesurée.
    H – Comment vous dites ? Pyrrhus ? Jamais entendu parler mais si je le tenais ce moule à gaufres, vous verriez !
    A – Me prendre pour femme était son plus cher désir,
    Mais…
    H – L’ectoplasme !
    A – Oreste me libéra et le fit tuer.
    H – Je n’irai pas le plaindre. Un zèbre comme celui-là est bon à être jeté par dessus bord. Mais dites, ils ne pensent qu’à s’entretuer par ici ma parole ! Ils n’ont que ça à la bouche.
    A – Je suis libérée, de mon fils je suis privée
    il laisse sa mère périr sans pitié.
    Dans le fond de mon âme, tout se tait et se meurt.
    Je n’ai plus rien, je suis en proie à la terreur.
    H – Il reviendra. Tenez, votre histoire me fait penser à un garçon que j’ai connu. Une vraie terreur lui aussi ! Du jus de réglisse ! Il n’écoutait rien, un danger public avec ses inventions. J’ai gardé l’un de ses cigares explosifs chez moi, je ne suis pas prêt d’y frotter une allumette même contre un bon whisky… Cet Abdallah, croyez-moi, on ne l’oublie pas. Tintin, en était fou de rage, et ce n’est pas souvent. Alors votre fils, il fera comme les autres. Il se rendra compte que sa mère est encore ce qui lui reste de plus précieux.
    A – Cet homme que vous nommez, est-ce lui que vous cherchez ?
    H – Tintin, oui c’est lui ! Drôle de nom n’est-ce pas ? Une petite mer nous sépare et c’est tout un langage qui s’invente.
    Tintin – Capitaine ! Ohé, Capitaine par ici !
    H – Tonnerre de Brest, le voilà ! Mais où étiez-vous passé nom d’une barrique ?
    T – Je suis tombé sur les Dupond et Dupont. Impossible de m’en débarrasser. Dépêchons-nous, le bateau part dans cinq minutes !
    H – Qu’est-ce qu’ils fichent ici, les zouaves ? ( se tournant vers Andromaque) Bonne chance alors, madame… ?
    A – Andromaque, reine de Troie, veuve d’Hector.
    H – Enchanté, Archibald, capitaine, au plaisir !
    T – À qui parliez-vous, Capitaine ?
    H – Si je vous le disais, vous ne me croiriez pas.

Répondre à Alex Annuler la réponse.

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *