Atelier Flaubert n° 6 : « Vaccine: ne fréquenter que les personnes vaccinées ». Clichés et idées reçues

Le Dictionnaire des idées reçues, publié à titre posthume en 1913, est un répertoire de poncifs recueillis par Flaubert, et qui reflètent la bêtise bourgeoise des années 1850: fatuité, conformisme, arrogance sociale, misogynie, inculture, matérialisme borné, ce « catalogues des idées chic » dresse un portrait peu avantagé des mœurs de la société française de l’époque. L’ouvrage se clôt par une liste de poncifs et de clichés littéraires que Flaubert notait avec soin.

Après avoir proposé une lecture du cliché, évoqué son évolution jusqu’aux « tropes » cinématographiques et télévisuels, et enfin proposé quelques techniques pour débusquer et chasser les clichés de nos propres écrits, nous avons fini par… proposer une réhabilitation du cliché en nous appuyant sur un article de Michaël Riffaterre.

L’exercice du jour consistait à cultiver les clichés, ou à les déjouer, au choix, en écrivant un texte autour de l’un des thèmes suivants: Le coucher de soleil romantique; « ils furent heureux et eurent beaucoup d’enfants » (le conte de fées façon Disney) »; les nationalités (français, belge, suisse, anglais); la maison hantée; seul sur une île déserte; le détective privé; le dîner en famille; le vert paradis des amours enfantines; c’était mieux avant; le communiste de la guerre froide; le gilet jaune; le geek; le nerd; le vieux marin; la course poursuite; le rat de bibliothèque.

Accumulez les lieux communs, ou au contraire renouvelez les clichés, au choix, dans la zone Commentaires ci-dessous!

Diaporama diffusé en séance: cliquer ici

2 commentaires sur “Atelier Flaubert n° 6 : « Vaccine: ne fréquenter que les personnes vaccinées ». Clichés et idées reçues

  1. C’était un début de soirée après une belle journée ensoleillée et chaude sous un soleil de plomb, le couple était assis sur le muret en ciment devant la plage de Veules les Roses à l’heure où les baigneurs sont presque tous rentrés couverts de sable et de coups de soleil et où les autres sont attablés aux terrasses ou dans les jardins devant un petit « Martini on the rocks » avec des gressins des tranches de saucisson et des chips. La jeune femme aux lèvres pourpre recouvrant ses dents d’ivoire est une tentation à la gourmandise pour son amoureux comme l’envie de croquer un fruit rouge, une jolie cerise.

    Ne pas dépasser les bornes, ne pas franchir les limites trop rapidement. Plonger ses yeux dans le regard profond de sa belle pour s’y noyer.

    Regarder la ligne d’horizon, regarder ensemble dans la même direction. Admirer le soleil s’enfoncer dans la mer et y répandre sa couleur orangée à la surface, comme pour ensuite s’y enfoncer doucement et rejoindre les abysses. Pour y mettre le feu comme il voudrait le faire au cœur de sa belle.

    Voir le voile de la nuit couvrir lentement le ciel et éteindre le soleil rougeoyant pour laisser place à la lune jaune. Le soleil se couche, il est couché à présent ; La belle commence à sentir la fraîcheur sur ses épaules et tremblote. L’amoureux transi ôte sa veste et la pose sur les épaules de sa dulcinée. Façon de l’approcher un peu plus, de lui faire partager sa chaleur.

    Ils s’en vont, s’éloignent doucement, collés-serrés l’un contre l’autre pour rejoindre le village et son animation. Leurs ombres sont projetées sur le sol par les réverbères et s’étirent de plus en plus. On ne voit plus qu’elles. Laissons les se retrouver et partons discrètement à pas de velours.

  2. Un brouillard humide et glacé enveloppait les alentours de formes cotonneuses, lorsque notre héros remonta bravement le chemin sinueux en direction de la vieille maison délabrée. Il regarda les deux tours crénelées qui flanquaient la façade sombre, et dont le sommet se perdait dans l’obscurité ténébreuse de la nuit. Il poussa la porte : elle était ouverte, et grinça en tournant sur ses gonds. Il entra. A l’intérieur du manoir, tout était sombre et sinistre. Une vieille armure rouillée, tenant une hallebarde, jetait sur lui son regard vide. Il monta le grand escalier vermoulu, et, écartant quelques toiles d’araignée poussiéreuses, il parvint sur un palier obscur. Il s’arrêta devant une lourde porte d’ébène : de légers gémissements plaintifs, de petits cris étouffés, et puis un long et lugubre hurlement prolongé et triste émanaient de la pièce mystérieuse. Qu’allait faire notre héros ? Se précipiterait-il tête baissée dans un chausse-trappes béant ouvert sous ses pas? Se jetterait-il tout cru dans la gueule du loup ? Tomberait-il dans quelque piège abominable dressé pour le perdre, sur le point de se refermer sur lui, et dont il ne réussirait jamais à s’extirper ? “Que dois-je faire ?” se dit-il à mi-voix, tout étonné d’entendre le son rauque qui sortait de sa gorge desséchée. Ha ! Il faut pourtant que je franchisse le seuil et que j’accomplisse ma mission.” Prenant son courage à deux mains, au mépris du danger, le cœur au ventre, déployant une bravoure admirable et un courage indomptable, il tourna la poignée. Quelles hordes démoniaques, quelles cohortes de l’enfer, quelles légions diaboliques se tenaient tapies dans l’ombre ?
    Il tourna le loquet et s’avança. Une jeune femme, en tailleur, tenant un petit bichon sur ses genoux, l’accueillit assez froidement.
    – Ah ! c’est vous ? Vous êtes bien l’employé peu zélé de la compagnie O’Net ? Mon ami, vous vous rendez compte que vous avez trois heures de retard? Je devrais vous passer un drôle de savon, mais en fait, c’est vous qui allez le passer. Remettez-moi tout ça à neuf. Et surtout, ne lésinez pas surtout sur l’huile de coude.

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