Le jeu du téléphone

A l’issue de la séance du jour, qui s’est tenue en visio à distance pour cause de confinement, nous proposons un exercice d’écriture en apparence plus futile que d’habitude: « le jeu du téléphone ». Cet exercice était un classique de l’émission radiophonique de France Culture Des Papous dans la tête, dont l’association Fictions a été jadis partenaire.

Le jeu obéit au principe de l’exercice à trou: il s’agit de tenter de rétablir l’intégralité d’une conversation téléphonique, dont l’on entend que l’un des deux interlocuteurs. Le joueur tâche de reconstituer la partie manquante… sachant que l’auteur a généralement prévu des fausses pistes! A l’issue du jeu, l’auteur du texte original livre la vraie version complète de la conversation.

Si vous voulez vous y essayer, vous trouverez ici les deux textes proposés aujourd’hui (au choix): Texte à compléter n°1 ; Texte à compléter n°2

Une fois l’exercice terminé, vous pourrez consulter les solutions ici (attention spoilers!): Solution 1 ;Solution 2

N’hésitez pas à poster dans la section des commentaires vos tentatives! La prochaine séance aura lieu, nous l’espérons, en présentiel à l’université, le 6 mai prochain.

3 commentaires sur “Le jeu du téléphone

  1. Séance bien agréable en ces temps confinés… voici mon essai

    LE JEU DU TÉLÉPHONE
    Le virus

    – Allo ? Nestor ? C’est toi ? Hein, quoi ? Tu as attrapé le virus ?

    – Oui, je ne pense plus qu’à cela… tout le temps ! J’ai froid et chaud en même temps ! Mon cœur bat la chamade. Il faut que je fasse quelque chose ! J’ai du mal à respirer…

    – Tu n’as jamais été très résistant.

    – Non, il suffit d’une poignée de main et d’un sourire… et tout de suite mes yeux sont éblouis, se mettent à me démanger… il faut que je les frotte vigoureusement… rien n’y fait. Je ne peux me soustraire à ce réflexe idiot. Je suis ébloui ! En fait j’ai croisé Jeanine dans l’escalier, elle remontait de faire ses courses avec un gros sac à dos et les mains libres. Elle, elle avait des gants mais… elle m’a tendu la main, par réflexe…

    – Jeanine ! Ta petite voisine du deuxième ? Non mais quel nigaud tu fais. Tu sais bien que c’est le mode de transmission favori de ce genre de virus…

    – Oui, je sais bien ! Mais impossible de résister à un sourire et à une main tendue. J’essaie pourtant mais Jeanine !

    – Il faut la supprimer.

    – ​Tu es complètement fou ma parole ! J’ai toujours soupçonné en toi des tendances assassines. Mon cœur bat si fort ! Jeanine m’a serré la main ! J’ai toujours sa photo, tu sais, celle qu’elle a laissée tomber devant les boîtes aux lettres quand on s’est croisés.

    – Admets qu’elle est la source de tous tes problèmes. Mais en attendant, on peut tenter d’éliminer l’infection, je pense que ça suffira.

    – Tu veux dire l’affection ? C’est vrai que tout ceci est ridicule. Mais c’est à la suite de cette soirée que nous avons passée chez moi. On a écouté « cry to me », et elle m’a envoyé ensuite un lien vers « Everybody needs somedody to love », la chanson de Burke, tu sais, le grand Salomon… le pasteur- chanteur soul qui fit des miracles…

    – Le Dr ​Solomon ​ , tu veux dire. A ne pas confondre avec Jérôme ​Salomon, le type qui passe tous les soirs au journal de 20h. ​Solomon ​ , il est fini. Il n’a plus désinfecté personne depuis quinze ans. Remarque, Salomon n’a pas l’air beaucoup plus doué.

    – Je ne regarde jamais la télé et je ne sais même pas qui est celui dont tu parles. Je n’écoute d’ailleurs pas la radio non plus quand je suis en vacances. En fait, je passe mon temps cloîtré chez moi, à regarder cette photo, à penser à Jeanine et à écouter des chansons sentimentales. Quel cœur d’artichaut ma parole ! Je prie pour la recroiser très vite, mon Dieu !

    – Prier devant des images pieuses, ça peut aider, mais il faut avoir la foi.

    – Je ne crois pas que Jeanine soit précisément une sainte Nitouche… bien que, j’ignore pourquoi, ces derniers temps, plus personne ne vient chez elle. Tu sais, ce grand brun qui débarquait de temps en temps et ne repartait qu’au matin. Mais, la dernière fois qu’il est venu, j’ai entendu des larmes sur le palier, leur séparation semblait déchirante. Remarque, cela ne m’a pas étonné, j’avais bien senti, ces derniers temps, à la façon dont il montait les marches en traînant des pieds, qu’entre eux… le germe de la discorde…

    – Ah, ne me parle pas de germes, s’il te plaît ! Écoute, tant pis pour le confinement. Il faut aller voir Jeanine, et vider l’abcès. Si tu lui demandes gentiment, elle pourra s’y prendre en douceur. De toutes façons, tu ne peux pas rester dans cet état.

    – Le confinement ! Comme tu y vas ! Oui, j’ai tendance, ces derniers temps, à beaucoup rester chez moi, face à cette si belle image… mais, vraiment je te trouve peu charitable de traiter Jeanine d’abcès ! Et je pense que la douceur n’y fera rien. Voilà que j’ai du mal à respirer ! Les larmes me montent à nouveau aux yeux et mon cœur bat si fort. Rends-toi compte, on a au moins trente ans d’écart. Non rien à faire ! Et voilà que j’éternue ! Je suis trop vieux pour cela… non, impossible de lui parler !

    – Le ridicule, au moins, ça ne te tuera pas. A ton âge…

    – Tu crois ? Je pleure tout le temps ! c’est la première fois que je ressens une telle fièvre, j’en frissonne tellement que j’en ai des courbatures. Tu as raison, il faut que j’aille lui parler !

    – C’est ça, va la trouver… Mais prends bien toutes les précautions, le masque, les cinq gestes… (rires) je sais que ce sera difficile pour toi, mais distance sociale avant tout, hein, Nestor, rappelle-toi, distance sociale ! ​(rires)

    – Un masque ? Mais cela fait une éternité que je n’ai plus séduit quelqu’un en me déguisant en Fantômas ! Les cinq gestes, par contre, je m’en souviens. D’abord je lui prends la main, et d’un. J’évite de me frotter les yeux, et de deux, parce que c’est ridicule. Je lui fais le baisemain, et de trois. Je m’agenouille, et de quatre. Et, cinq, je lui dis que je l’aime ! Non, distance sociale oblige, je n’oublie pas qu’elle est comtesse et moi… facteur !

  2. – Allo ? Nestor ? C’est toi ? Hein, quoi ? Tu as attrapé le virus ?

    – J’en sais rien je te dis ! Une chose est sûre, c’est que je tousse, j’ai chaud…Bref la totale! J’ai regardé trois ou quatre vidéos pour être sûr, tu vois, histoire de pas paniquer pour rien.

    – Tu n’as jamais été très résistant.

    – Commence pas ! Je le savais pourtant que j’aurais jamais dû lui ouvrir… Tu sais Jeanine, eh bien, elle est passée me voir la semaine dernière.

    – Jeanine ! Ta petite voisine du deuxième ? Non mais quel nigaud tu fais. Tu sais bien que c’est le mode de transmission favori de ce genre de virus…

    – Oui, oui je sais ! J’ai hésité à ouvrir mais je me fais tellement chier chez moi que ça ne m’a pas paru dangereux. Quel abruti franchement. Elle passe son temps à balader son lapin dans l’immeuble. Y a pas une merde dans les couloirs ceci dit, il doit être bien élevé. Elle voulait savoir comment j’allais et j’ai ouvert. On a discuté. Elle m’a même donné une part de tarte. Que j’ai mangée presque aussitôt, évidemment.

    – Il faut la supprimer.

    – Supprimer qui ? Jeanine ? Tu déconnes ?

    – Admets qu’elle est la source de tous tes problèmes. Mais en attendant, on peut tenter d’éliminer l’infection, je pense que ça suffira.

    – Comment veux-tu qu’on élimine une infection ? Je ne sais même pas si je suis malade… Est-ce que le virus peut se transmettre par la nourriture ? Je pense que oui. Je vais appeler le docteur Saumon, il en saura plus.

    – Le Dr Solomon, tu veux dire. A ne pas confondre avec Jérôme Salomon, le type qui passe tous les soirs au journal de 20h. Solomon, il est fini. Il n’a plus désinfecté personne depuis quinze ans. Remarque, Salomon n’a pas l’air beaucoup plus doué.

    – Merde… Mais j’y pense ! Peut-être que Jeanine n’est pas malade après tout ! Peut-être que je deviens parano ! Peut-être que sa tarte était tout ce qu’il y a de plus normal, de plus sain ! Mon Dieu, faites que je devienne parano.

    – Prier devant des images pieuses, ça peut aider, mais il faut avoir la foi.

    — Que je n’ai pas, je le sais bien. Bon sang, ce que j’ai chaud… Avec tout ça, de drôles d’images germent dans mon esprit… Je délire peut-être…

    – Ah, ne me parle pas de germes, s’il te plaît ! Écoute, tant pis pour le confinement. Il faut aller voir Jeanine, et vider l’abcès. Si tu lui demandes gentiment, elle pourra s’y prendre en douceur. De toutes façons, tu ne peux pas rester dans cet état.

    – Ah oui ? Et qu’est-ce que je lui dis ? « Oh ! Bonjour Jeanine ! Dites-moi, avez-vous eu des symptômes de cette saloperie dernièrement ? Non, si je dis ça, c’est parce que je me sens étrange depuis que j’ai mangé votre tarte… qui était très bonne d’ailleurs ! », hein ? Je lui dis ça ?

    – Le ridicule, au moins, ça ne te tuera pas. A ton âge…
    – Et il rigole en plus ! Décidément on ne peut pas compter sur toi. Je vais y aller, ou je ne pourrai pas dormir cette nuit…

    – C’est ça, va la trouver… Mais prends bien toutes les précautions, le masque, les cinq gestes… (rires) je sais que ce sera difficile pour toi, mais distance sociale avant tout, hein, Nestor, rappelle-toi, distance sociale ! (rires)

  3. – Allo ? Nestor ? C’est toi ? Hein, quoi ? Tu as attrapé le virus ?
    – Oui, c’est moi… Je ne sais plus comment faire… Encore une fois, mon estomac et mon coeur s’emballent, j’ai les mains moites, des sueurs froides, j’ai même du mal à m’exprimer… Je ne vais pas m’en sortir cette fois, c’est sûr….
    – Tu n’as jamais été très résistant.
    – ça te va bien de dire ça! De toute façon, ce n’est pas en vieillissant que ça s’arrangera. Le pire, c’est que je pense avoir attrapé ce virus avec Jeanine. Je n’aurai jamais dû accepté son invitation à prendre le bruns dimanche dernier. Je me sens faible depuis 2 jours
    – Jeanine ! Ta petite voisine du deuxième ? Non mais quel nigaud tu fais. Tu sais bien que c’est le mode de transmission favori de ce genre de virus…
    – Elle m’a invité si gentiment, je ne pouvais pas refuser. Tu l’aurais vu… Tout était délicatement préparé et décoré. Je suis resté 5 délicieuses heures chez elle. J’ai même fait une photo pour me souvenir de ce moment
    – Il faut la supprimer.
    – Quoi? NON! Cette photo me rappellera ce merveilleux moment
    – Admets qu’elle est la source de tous tes problèmes. Mais en attendant, on peut tenter d’éliminer l’infection, je pense que ça suffira.
    – Je suis d’accord, je n’avais pas besoin de ce problème supplémentaire. Mais comment veux-tu que je m’en sorte? Ne me dis pas que tu veux que je fasse appel à ton Chaman Solomon!!
    – Le Dr Solomon , tu veux dire. A ne pas confondre avec Jérôme Salomon , le type qui passe tous les soirs au journal de 20h. Solomon, il est fini. Il n’a plus désinfecté personne depuis quinze ans. Remarque, Salomon n’a pas l’air beaucoup plus doué.
    – Tu vois très bien de qui je veux parler, le chaman que tu as utilisé pour te faire désenvouter… Non merci, je ne veux pas de cet escroc. Je vais plutôt prier pour que mes symptômes passent et ne reviennent pas.
    – Prier devant des images pieuses, ça peut aider, mais il faut avoir la foi.
    – Mais qu’est-ce que tu veux que je fasse d’autre mon vieux? Je sens les germes du virus de l’amour infiltrer tous les pores de mon corps… (soupir)
    – Ah, ne me parle pas de germes, s’il te plaît ! Écoute, tant pis pour le confinement. Il faut aller voir Jeanine, et vider l’abcès. Si tu lui demandes gentiment, elle pourra s’y prendre en douceur. De toutes façons, tu ne peux pas rester dans cet état.
    – Lui demander quoi? Sielle éprouve la même choses à mon égard? Il est évident que non… Tu l’as vu, on ne joue pas dans la même cours! Elle est si belle, envoûtante, alors que moi… Non! Je vais me ridiculiser si je vais la voir.
    – Le ridicule, au moins, ça ne te tuera pas. A ton âge…
    – Oh et puis après tout, tu as raison! Je vais aller la voir, lui proposer une invitation en retour de la sienne et nous verrons bien. Je vais l’inviter à dîner, passer des heures en cuisine pour la satisfaire et être à la hauteur de ses espérances. Ensuite, je vais lui proposer de peut-être commencer quelque chose, qui sait…Allez, j’y vais je me lance. Je sens revigoré! Si je n’y vais pas maintenant, je n’en aurai plus le courage. Advienne que pourra! Souhaites-moi bonne chance! Je vais essayer de mettre mon petit coeur à l’abri d’une sur contamination, quand même ,au cas ou!
    – C’est ça, va la trouver… Mais prends bien toutes les précautions, le masque, les cinq gestes… (rires) je sais que ce sera difficile pour toi, mais distance sociale avant tout, hein, Nestor, rappelle-toi, distance sociale ! (rires)

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