Exercice de style : Un Drame bien parisien

a se tordre Alphonse Allais

Définition
Exercices de style est le titre d’un livre de Raymond Queneau. À partir d’une histoire aux péripéties insignifiantes, il proposé quatre-vingt-dix-neuf récits, différents par leur seul « style »: certains sont farcis d’anglicismes, d’autres écrits en alexandrins, d’autres enfin sont de véritables saynètes de théâtre.

Méthode
Choisissez une histoire infiniment banale. Pour nous, cette fois-ci, ce sera le premier chapitre d’Un Drame bien parisien d’Alphonse Allais (A lire dans le recueil A se tordre).
Placez dans un béret basque des petits bouts de papier où vous aurez inscrit des styles d’écriture, de toute nature (nous avions sur nos papiers: médical, rock ‘n’ roll, politiquement correct, facebook, botanique, normand, gascon, injurieux, etc. – les choix sont innombrables).
Tirez à l’aveugle. La contrainte est d’écrire la même histoire en respectant la consigne tirée du béret. Les Papous dans la tête se laissent la possibilité de piocher trois fois, si le style tiré ne convient pas.

Le texte support de l’exercice:

UN DRAME BIEN PARISIEN
CHAPITRE PREMIER

Où l’on fait connaissance avec un monsieur et une dame qui auraient pu être heureux, sans leurs éternels malentendus.

0 qu’il ha bien sceu choisir, le challant !
RABELAIS.

A l’époque où commence cette histoire, Raoul et Marguerite (un joli nom pour les amours) étaient mariés depuis cinq mois environ.
Mariage d’inclination, bien entendu.
Raoul, un beau soir, en entendant Marguerite chanter la jolie romance du colonel Henry d’Erville :
L’averse, chère à la grenouille,
Parfume le bois rajeuni.
… Le bois, il est comme Nini.
Y sent bon quand y s’débarbouille.

Raoul, dis-je, s’était juré que la divine Marguerite (diva Margarita) n’appartiendrait jamais à un autre homme qu’à lui-même.
Le ménage eût été le plus heureux de tous les ménages, sans le fichu caractère des deux conjoints.
Pour un oui, pour un non, crac ! une assiette cassée, une gifle, un coup de pied dans le cul.
A ces bruits, Amour fuyait éploré, attendant, au coin du grand parc, l’heure toujours proche de la réconciliation.
Alors, des baisers sans nombre, des caresses sans fin, tendres et bien informées, des ardeurs d’enfer.
C’était à croire que ces deux cochons-là se disputaient pour s’offrir l’occasion de se raccommoder.

Proposez-nous votre propre texte en commentaire à cette page! Et surtout n’oubliez pas d’indiquer le style que le hasard vous a imposé (ou que vous pouvez choisir parmi les propositions faites ci-dessus)…

1 commentaire sur “Exercice de style : Un Drame bien parisien

  1. style: Rock ‘n’ roll
    ——————
    UN DRAME A PANAM
    Sous les pavés, la plage One
    (Achète le CD si tu veux écouter la suite)

    Tu vas entendre l’histoire d’une lady et d’un gentleman, qui auraient pu être le couple le plus beat (de beatus, dixit Kerouac), s’ils n’étaient devenus sourdingues en forçant un peu trop sur les amplis. It’s a long long story, cinq mois la corde au cou, déjà, depuis qu’au pasteur d’une chapelle clignotante de Vegas ils se sont dit Yeah Yeah Yeah!

    On l’appelait Tennessee Raoul, tellement il était pas de notre monde, il avait le béguin pour Raymonde, depuis qu’il l’avait entendu chanter un sad song en patois de la Nouvelle Orléans, depuis qu’il l’avait entendu chanter que l’amour c’est comme les grenouilles géantes du fin fond du bayou, Wah-wah-wah-whaoooo!

    Sa nana, il l’avait dégotée dans une pizzéria où elle se produisait en tant que blues diva, et lui il remplaçait le bassiste au pied levé. Il avait juré sur sa guitare que cette nana, elle serait jamais rien qu’à lui, et pour sceller leur union, il lui avait changé son nom. Désormais on t’appellera Pizza Margarita, Yeah Yeah Yeah!

    Le mariage, paraît que c’est un vrai tue-l’amour. Ce qu’il adorait chez elle, c’était sa fichue tête de nœud, et de la voir nouer le fichu sur la tête pour faire le ménage toute la sainte journée, ça l’a dégoûté, ça l’a dégoûté, leur ménage aurait pu craquer, Yeah Yeah Yeah!

    Mais plus il pétait d’assiettes de leur service à l’effigie d’Elvis, plus ils se pilonnaient comme des batteurs virtuoses de rock band déchaîné, plus elle lui rayait sa Harley – suprême injure! – et plus fort ils se rabibochaient, putain Yeah Yeah Yeah!

    Love is like rock ‘n’ roll, faut que ça tangue, faut que ça cogne et puis que ça gratte, Raoul fais-moi mal! et quand on est vraiment destroy à faire détaler Chérubin, comme c’est bon de recoller les morceaux, sur un air vachement romantique, saturé de chœurs et d’orgues aux voix célestes, accompagné par des légions de cordes pincées amplifiées, Yeah Yeah Yeah!

    Puisque t’attends une morale
    de cette histoire trop banale
    p’têt bien que tu serais comme
    Tennessee Raoul et sa Margarita,
    pt’êt bien qu’on est tous maso
    pour jouer à ce drôle de vicious game
    que dans les grands jours on appelle l’amour.
    Eux comme moi et moi comme toi,
    Est-ce qu’on serait pas finalement
    moitié hommes moitié cochons
    tous autant qu’on est ? Yeah Yeah Yeah!

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